
Parce qu'on m'a donné envie de revenir (elles se reconnaîtront)
J'ai arrêté parce que je ne voulais plus écrire, je n'avais plus envie, pas vraiment de matière et aussi parce que j'ai arrêté de lire. Arrêtée de lire les livres il y a longtemps, arrêté de lire les gens. Ne plus lire et ne plus écrire vont ensemble. Je n'en pouvais plus de ces blogs vieparfaite/viedemerde (alors pas vous, pas celles qui savent combien je les aime) .
Il y a 2 styles de blogs particulièrement agaçants, ceux où tout va bien, la vie est belle, bien rangée, bien gérée, avec du sport et la bouffe bio dedans. Et c'est culpabilisant (même si parfois, c'est fait pour dire qu'on peut réussir les choses). Et les autres où rien ne va souvent (pour ne pas dire jamais) et c'est toujours la faute de l'autre, au choix (quand ce n'est pas tous ensemble) l'ex, la belle-mère, les conjoints, les collègues, les voisins et les gosses... Et c'est tout aussi horripilant.
Je n'en pouvais plus de lire ce grand écart avec la vie réelle, celle où l'on a tous des joies, des peines, de grands bonheurs et de grands malheurs aussi. Je voulais de l'équilibre et ce qui arrivait dans ma vie ne l'était pas. Je ne voyais pas l'intérêt d'en parler.
Que s'est-il passé depuis
le feu il y a 7 mois ? Du mauvais d'abord, et puis du bon, et puis encore et encore...
2 jours après le feu, mes beaux-parents ont eu un accident de voiture, un peu de verglas et ils ont fini leur course dans un mur, à vitesse réduite, mais l'impact a déclenché les air-bags. Ma belle-mère était secouée, mais mon beau-père a du être hospitalisé, il avait mal partout mais surtout au dos, une série d'examens plus tard et ils l'ont gardé... Un peu, puis beaucoup, puis mis en maison de rééducation, dont il devait sortir fin mars, puis mi-avril, puis fin avril. Jusqu'à ce que je pose des questions, parce que ma belle-mère n'y comprenait rien et ses fils ne voyaient jamais les médecins. Bilan, le cancer de la prostate qu'il avait depuis quelques mois sous contrôle, venait de faire des bonds, des métastases en pagaille, des anémies en veux-tu en voilà, il pouvait rentrer chez lui à condition d'aménager le logement... Ce qu'ils ont refusé. Oui, ils ont tous les deux refusé d'aménager la maison pour qu'il rentre chez lui. C'était du domaine de l'incompréhensible pour moi. Après chacun voit midi à sa porte, il y a certainement des choses que je ne sais pas, mais à fin avril, début mai, j'ai laissé tomber, je ne cherchais plus à comprendre. J'étais trop en colère, trop occupée ailleurs, pour faire quoi que ce soit.
Ailleurs, avec l’aîné dont on venait d'apprendre qui'l n'avait pas payé son loyer depuis 4 mois... L'incendie, les brûlures, l'accident ne suffisaient donc pas, il en fallait une couche encore. Il était en grande pauvreté, à devoir choisir entre manger et payer son loyer, déjà qu'il ne mangeait qu'une fois par jour... Il avait eu du mal à se remettre de son échec "post master" puis de l'incendie et ne nous avait rien dit "je pensais pouvoir m'en sortir tout seul, je voulais m'en sortir tout seul"... Cela a été salvateur de toucher le fond et que nous l'apprenions, il a décroché un cdi, en moins de 10 jours, dans une boite de consultants. Ce qu'il voulait, où il voulait, à un salaire inespéré. Au bout d'un mois il était sur les rails.
Ce mois de mai, qui continuait entre les "je sors / je sors pas" de beau-papa, les exigences de belle-maman et la benjamine, qui préparait vaillamment son brevet (et la soirée de fin d'études). Brevet qu'elle a passé, tenace et têtue. Et puis sa demande de classe européenne, en attente, en attente, en attente. Comme les résultats du brevet. Ils devaient tomber le 11 juillet à 17h. Le 11 juillet jour de mon anniversaire. Je croisais les doigts que beau-papa tienne jusque là, son état se dégradait tellement vite... Et puis moi juillet, depuis 6 ans,
ce n'est plus comme avant... Et elle a eu son brevet, avec mention très bien, les félicitations de son proviseur, de ses profs, de nous aussi bien sûr. Un beau moment de bonheur dans ce début d'été.
Et puis il y a eu le 13 juillet, avec le médecin qui dit "il ne reste que quelques heures...", Le 14 juillet au matin, beau-papa prenait enfin le repos qu'il attendait depuis longtemps.
Alors le brouillard, les demandes, les interrogations, le chagrin. et puis merde à la fin, je ne voulais pas vivre ça encore. Non pas encore, pas encore aussi près de mon anniversaire. Ma colère ne retombait pas. J'ai été (je crois être encore un peu) détestable. Mais surtout je me suis fermée, totalement, à toute forme d'humanisme je pense. Je ne voulais être qu'égoïsme, juste moi et moi et encore moi.
Fin juillet, cette option classe européenne toujours en attente. La consigne était : "si vous n'avez pas de courrier, de mail d'ici fin juillet c'est que c'est bon"... 27 juillet un courrier du lycée. Ma fille défaite, moi la tête ailleurs j'ouvre et "Votre fille est admise en classe européenne". Bref, mais fichtre tellement bon ça aussi !!!
Août s'est déroulé sans trop de remous (si ce n'est que mon beau-frère cet astre, n'a rien trouvé de mieux que de partir 4 semaines en congés, en camping-car... Si si, voilà le mec vient de perdre son père, sa mère est sans moyen de transport et lui se barre en Vendée, puis à Biarritz, puis en Auvergne pour se changer les idées... Laissant mon mari faire chauffeur tous les jours ou presque. 60 ou 120 km selon les besoins exigeants, continus de belle-maman. Le cimetière tous les jours, les rendez-vous pris dans la foulée du décès, pour régler les affaires, le notaire, la banque, et le reste.
Coup de bol, notre fille est partie en Bretagne, chez une copine d'Instagram. Un lien de plus, pas inutile du tout. Un bien fou avec cette famille d'une gentillesse extrême. Une copine blondinette, gentillette, présente et affectueuse. Ce dont elle avait besoin cet été.Un grand bout de douceur.
Alors voilà, c'était compliqué, pas envie d'en parler, puis finalement autant vous le dire, c'était une année que je ne revivrais pas. J'ai fermé les écoutilles, je n'ai plus d'empathie. Plus de patience non plus. Alors pour éviter de dire des méchancetés à celles qui ne m'ont rien demandé, j'ai arrêté de lire les livres et les gens, du coup j'ai arrêté d'écrire aussi.
J'y reviendrais...
Certainement.
Plus tard, à un autre moment.
ps : j'ai beaucoup beaucoup cousu par contre.