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mercredi 11 janvier 2017

La médecine, le soignant et l'autruche...

Je n'ai pas un parcours médical simple (je relativise, par rapport à mes cops, on va dire que j'ai trimbalé un peu plus d'emmerdes sans que ça ne soit gravissime).

Au fur et à mesure de mon existence j'ai pu voir combien mon parcours personnel pouvait avoir d'influence sur mon parcours médical.

Enfant ça allait bien dans ma vie, donc ça allait bien dans mon corps. Donc j'étais suivie sans problème.

Ado, idem, même si je suis passée par quelques errances, j'ai toujours trouvé le bon médecin qui savait me remettre dans le droit chemin.

Adulte les choses changent... 

En 1992 je me marie, ça arrive comme ça, mais plutôt comme une nécessité sociale. L'ex est formaté à l'égoïsme, la domination et un brin de perversité. Mais ça je ne le saurais que plus tard, bien plus tard.  Peut-être que mon corps le savait avant moi esprit, toujours est-il que je commence une série d'ennuis physiques, tachycardie, stress intense (que je mets sur les relations avec ma belle-famille) et puis une première grossesse compliquée, alitée, médicalisée, alors que je ne suis pas certaine avec le recul d'en avoir eu besoin. Les médecins se succèdent, ne voient rien d'anormal, je finis par croire que je vais bien.

En 1994 je fais une belle dépression post-partum, Que tout le monde ignore, voir condamne. Comment puis-je être déprimée alors que : j'ai un bébé magnifique - qui ne dort que par tranches de 20 mn ; un mari parfait - qui part bosser - mais pas que - le matin à 7h et rentre à 21h et se rajoute des déplacements; que je suis à la maison - un appart que je n'ai pas choisi dans le 18e coincé entre les dealers et le commissariat; que je n'ai pas besoin de bosser - donc que je n'ai pas de vie sociale. L'ex tente de me faire interner suite à une prise un peu élevée d’anxiolytiques mélangés avec une bière. Le médecin est prêt, reste à avoir un second avis, qui est refusé. Retour à la maison. Sans suivi. 

En 1995, deux fausses couches. Puis une grossesse à terme, moins compliquée que la première. Mon médecin voit bien que je suis renfermée, le dessin de l'ex commence à prendre forme. mais secret médical oblige, elle ne dit rien, à personne... Nicole Ferroni dirait que j'ai eu des problèmes d'escaliers; Je me heurte régulièrement aux marches, verbales, puis physiques. Je te laisse regarder.  

En 2000 on déménage en province. Je n'ai donc plus de médecin. Plus de soignant non plus (dentiste, gynéco, kiné.)

En 2001 je fais une GEU, et c'est un bienveillant qui me reçoit ce jour là aux urgences. Sans lui je serais morte. Et en mai 2001 ça n'aurait pas eu d'importance pour l'ex. Je serais morte et c'est tout. Mais ce médecin n'a pas envie que je meure, j'ai deux enfants, petits, il n'a pas envie que je meure. Il me sauve. Je suis sauvée physiquement mais ma tête reste prisonnière. J'ai le même médecin traitant que mon ex, ils sont potes. Je ne dis rien, il ne voit rien. C'est bien comme ça.

En 2001 je quitte l'ex, en 2003 j'accouche d'une petite fille. On démarre une autre vie. Elle est suivie, j'ai un médecin. Un dentiste. Des soignants.

En 2009 je me retrouve paralysée du bras gauche, 10 ans à refuser de voir ce que j'avais subi; Le bonze ouvre une première porte. Puis une seconde. Puis peut-être que j'ai ouvert les portes trop vite.

En 2010 je fais une pancréatite... Une grosse. Une de celle qui ne passe pas inaperçue. Mais je ne tombe pas sur un bienveillant; Au contraire, je ne suis qu'un cas. Ce n'est qu'un sauveur. Il m'ignore, considérant son travail accompli après l'opération. 

En 2012 . En juillet. Le 7, je perds mon père. Le 11 juillet mon anniversaire se fête au diner d'obsèques. Et je m'oublie. J'oublie ma vie, mes anniversaires, mon corps.

4 ans. Je ne veux plus qu'on s'occupe de moi. Je veux juste qu'on me fiche la paix. Je ne veux pas qu'on rajoute des "c'est pas bien" à ce que je vis. 4 ans sans suivi ou à peine. 

Malgré tout je lis, notamment des blogs. Je découvre "Alors Voilà". Je l'aime bien moi, ce médecin-lion. Je me surprend à retrouver des choses, des histoires, des chemins. A me dire que c'est ça que j'attends de la vie. De l'humain. du respect, mais je ne suis pas encore prête à me battre pour ça.

En 2016 j'ai 50 ans. Le 23 décembre je reçois un cadeau de la part de celle qui est et restera la plus fabuleuse des amies. 

Résultat de recherche d'images pour "alors voilà mille et une vies des urgences"En 2017 je prends rendez-vous chez le dentiste. J'y suis allée hier, avec ce bouquin sous le bras. Hier j'ai pour la première fois reconnue ma négligence, discuté de mes craintes, écouté ce soignant qui me disait avec bienveillance que j'avais fait l’autruche. Je lui ai aussi dit que oui, il me culpabilisait un peu, mais que je comprenais pourquoi. Alors on a parlé de Baptiste Beaulieu, des problèmes qu'ont les médecins à reconnaître la peine des malades et de leur entourage. On a aussi parlé différence, handicap, découverte, richesse humaine. Je ne suis  pas guérie, mais je ne suis plus prisonnière de mes peurs. Merci à  toi Baptiste 




mardi 27 avril 2010

Le bonze... suite et fin

A la 4eme séance, ma vie avait quand même pris un autre tournant. Jusque là plutôt planquées au tréfonds de ma mémoire, les images revenaient se bousculer. Pas que les images d'ailleurs, les questions aussi : pourquoi ? comment ? Pourquoi j'avais enduré tout ça, pourquoi aussi longtemps, comment avais-je fait pour résister, pour tenir debout, et pourquoi avais-je, même en étant partie depuis 7 ans, encore peur ?

"Je n'étais pas venue pour une psychothérapie hein ! J'étais venue pour ne plus avoir mal au dos !" Pan, dans les dents, à peine franchie la porte du 5e rendez-vous...

- Le bonze recule, sourit - comme toujours - me dit "allez venez vous asseoir deux secondes".
- "Non je ne veux pas m'asseoir, je suis venue vous dire que j'arrête, c'est trop difficile, c'est trop douloureux, je veux arrêter, j'étais là pour ne plus souffrir, et c'est pire ! " Il a un instant de flottement, son regard se "rétrécit" comme s'il se concentrait, il semble avoir mal de me voir dans cet état.

Je me faisais l'effet d'une hystérique, hors de moi, en colère après lui, après moi, sans contrôle ni sur la douleur ni sur la pensée depuis une semaine, tout me faisait mal, tout me faisait peur, tout se mélangeait ; il fallait que tout s'arrête. Cherettendre, qui me voyait pleurer depuis une semaine, était à deux doigts de prendre son téléphone pour s'expliquer avec le bonze, lui aussi voulait que ma douleur cesse, que TOUTES mes douleurs cessent, mais pas à ce prix là, pas au prix de tant de mal-être.

Bonze me laisse reprendre mon souffle, et me dit "je ne pensais pas que ça serait aussi violent, je n'avais pas conscience d'à quel point tout ceci a pu être douloureux pour vous", et m'annonce que je peux, bien sûr tout arrêter de la facia, peut juste "recoller" les bouts, mais qu'il lui semble qu'il me manque encore le principal : la réponse à ma douleur physique. J'ai le point d'origine, mais je n'arrive pas encore à le gérer, je n'arrive pas encore à ne plus avoir mal seule, et c'est ça que lui veut, que je n'ai plus mal, nulle part, ni au dos, ni au bras, ni au poignet, que je n'ai plus mal quand je téléphone, quand je couds, quand je conduis trop longtemps, il veut que toutes mes sensations reviennent (j'ai souvent des fourmis, des gestes imprécis, des engourdissements). Il veut me rendre l'usage de mon bras. Il comprend, il a saisi le principal, c'est imparfait mais c'est à moi de décider de la manière de faire, lui, il le répète, ne fera rien sans moi.

Je réponds que je lui accorde une dernière séance, mais qu'il est hors de question de toucher à ma "tête" que je m'en fiche que mes connexions facia ne soient pas faites, que, pour rappel, je ne suis pas là pour des conneries de circulations d'énergies, que je veux me retrouver normale. Ok, pour une séance de kiné de base donc. On papote un peu du coup, ça demande moins d'énergie, de concentration, on papote de tout, de rien, des voisins, des connaissances en commun, de la maman d'Antoine qui a eu un cancer du sein mais qui est en rémission et qui "prépare" un petit frère à Antoine, et je me fixe sur cette femme, dont l'aîné a le même age que mon cadet, que j'ai vu sans cheveux, maigre à l'extrême, souffrant de sa chimio, et qui aujourd'hui revit, a une autre vie !

Alors j'arrête le bonze, finalement, je veux guérir pour de bon, mais si là maintenant c'est difficile, y'aura forcément du mieux dans peu de temps non ? Oui, répond-il, il y aura du mieux, quand j'apprendrais à m'écouter, à ne plus faire de barrages, à ne plus déplacer, ou cantonner mes souffrances, qu'il faut juste que je remette mon corps et mon esprit en liaison. Il reprend alors tranquillement une séance de facia, puis une séance encore, une autre plus loin et finalement, je n'ai plus mal.

Depuis, je couds, je téléphone, je conduis longtemps. Parce que je tire profit de ma douleur, à l'écouter me dire "hop, là tu te contractes cocotte, est-ce vraiment nécessaire ?" je respire, je reprend mon souffle et surtout je n'ai plus peur de l'affronter, je sais la gérer, je sais le geste qu'il faut faire pour débloquer mon dos, le temps qu'il faut aussi pour faire ce geste et le pourquoi de certaines contractures. J'ai pris conscience que je stressais de tous les contacts avec mon ex, alors j'applique le "écoutez-vous, faites vous confiance et surtout faites confiance à votre corps", je suis juste calme, je me dis qu'au téléphone il ne m'arrivera pas grand chose et que ce qu'il dit n'a d'importance que pour lui, pour moi, l'important, il est dans les yeux de Cherettendre.

Dans cette aventure, je crois que nous avons été tous les deux gagnants, moi plus que lui il est vrai. A la dernière visite, il m'a dit "j'ai cru que je vous avais perdu au 5e rendez-vous, et pourtant je savais qu'il ne manquait pas grand-chose, j'ai bien fait de faire un peu machine arrière...". Il a raison, retourner en arrière pour voir là où les choses ont dérapées, les remettre sur le chemin, ça permet d'avancer bien plus agréablement parfois !

J'ai rajouté une carte de voeux à ma liste de fin d'année, elle représentait un petit bonze aux yeux rieurs regardant derrière lui, , tenant la main d'un grand maitre. Je suis repassée au cabinet pour une bricole, et la petite carte était là, accrochée au tableau.

jeudi 1 avril 2010

Le bonze et mon organisme...

Au deuxième rendez-vous j'étais moins bloquée, pas en super forme mais au moins j'avais pu conduire. Monsieur mon Bonze essaya de m'expliquer comment il allait tenter de voir où ça coinçait; parce que d'après lui, ça coinçait fort, loin et depuis bien plus longtemps que mon passage aux urgences. Il me proposa donc une "fasciatherapie". N'y connaissant rien d'autre que le peu que j'avais vu en ostéo, je n'en étais plus à ça près et si d'aventures il me déglinguait plus que je ne l'étais déjà, mon mari lui réglerait son compte à leur prochaine commission de travaux. Il avait bien compris que j'étais une terrienne-rationnelle et que je n'avais pas l'intention de laisser me compter des histoires à dormir debout de circulation d'énergie et autres fadaises. "Mon organisme et moi, on ne s'est toujours pas rencontré figurez-vous", lui avais-je dit en guise de bonjour. "Ca n'est pas très grave, ça viendra" m'avait-il répondu (même s'il ne pensait pas que ça viendrait aussi violemment...)

J'avais comme consigne de le laisser faire, de le laisser aller chercher là où le problème se situait. Et éventuellement de lui indiquer la première fois où j'avais eu mal. "Nan mais ça va pas la tête ! Déjà me laisser faire, comment dire, euh, non, parce que mon "lâcher-prise" et moi on n'est plus ensemble depuis des lustres et que je ne vais pas aller le déranger pour si peu ; en plus je me souviens tout juste de ce que j'ai fait la veille, alors aller dire quand est-ce que..." euh, meuh, oulàlà, d'un coup les yeux me piquaient fort. Je ne savais pas ce qu'il faisait, il était en arrêt sur mon omoplate, je n'avais pas mal, juste une grosse envie de pleurer. Juste quand il appuyait là, oui, là, eh hô, les yeux débordaient. Stop ! Fallait qu'il enlève ses mains de là, tout de suite !
Je lui demandais d'arrêter, il s'exécuta. Et me dit "ça réagit très fort, et ça n'a rien à voir avec votre torticolis". J'avais capté ça moi aussi. Mais s'il pouvait me dire à quoi c'était du, ça m'arrangerait, hein ! Il m'expliqua qu'il avait certainement trouvé le point d'origine, la première douleur. Mon organisme avait fait des barrages, retenu, puis laissé passer pour barrer la route un peu plus loin. Cela expliquerait les multiples contractures. J'aurai inconsciemment ordonné à mon organisme de ne pas venir m'imposer de douleurs, parce que, selon mon bonze, je n'étais pas disponible pour en prendre conscience. Aujourd'hui je l'étais, malgré moi encore une fois... Mon corps avait dit "stop, je n'encaisse plus, il faut que toi, esprit, tu fasses quelque chose pour moi maintenant".

"Une douleur n'est pas que somatique, elle peut l'être, mais dans votre cas elle est aussi psychosomatique, votre inconscient vous demande de prendre soin de lui." Une espèce de chacun son tour. Mon corps avait laissé champ libre à mon esprit durant 14 ans, maintenant, c'était à mon esprit de prendre le dessus et me permettre de guérir.

En l'écoutant, les souvenirs remontaient, je me revoyais, assise par terre dans cette cuisine, le dos en vrac, l'ex face à moi. Et je réagissais que ma première douleur datait de ce jour-là. Depuis 14 ans, mon corps faisait barrage à cette douleur mal-soignée parce que je ne lui avais pas laissé la place de s'exprimer.

"A partir de là les choses vont se débloquer, pour de bon" ; me prévient-il rajoutant "ça risque de faire un peu de dégâts".... Mon esprit a toujours été protégé, mon corps a toujours tenu le coup, et ces deux là allaient se retrouver sans repère le temps de reprendre leur fonction première.

Il avait raison le bougre, il avait vraiment raison, le retour de la 4e séance a été une quasi torture, je n'étais plus moi, j'avais mal partout, froid, perdant l'équilibre, l'estomac en vrac, je ne respirais plus comme avant, j'étais vrillée, c'est le mot, vrillée de l'intérieur, je paniquais comme pas permis. Cherettendre était prêt à lui péter les dents.

...

vendredi 12 mars 2010

Le bonze... la rencontre

Donc munie de mon ordonnance, pour 10 séances de kiné et de mon cou toujours bloqué, il m'a fallu plonger dans les pages jaunes à la bonne rubrique. Une fois, deux fois, trois fois, ben y'a pas, j'ai eu beau relire, il n'y a que 3 noms. Ca laisse quand même pas un choix de folie pour en trouver un bon.


Le premier, je le connaissais un peu, j'ai du emmener PierrotCadet, je l'appelle, je lui explique le cas, et il me répond "pas de place avant au moins 4 mois..." euh, bon, d'ici 4 mois, j'espère que je serais guérie. Le second je le connais aussi, ancien rugbyman amateur de 3e mi-temps, j'ai passé 3 séances, toute seule dans une salle glaciale et viellote, à monter mes genoux sur mon estomac pour une rééducation abdominale, les 7 dernières séances j'en ai fait grâce à la sécu, lui, par contre je ne l'ai pas appelé. Restait le 3e nom... Un gars que mon mari connaissait pour avoir travaillé avec lui en tant qu'élu. Un dont je n'avais pas idée ni des capacités ni de la réputation en tant que kiné. Mais vu l'étendue du choix, j'avais pas trop le moyen de faire la fine-bouche. Cherettendre disant "vas-y, il est plutôt classique comme kiné, mais il est efficace". Chouette, efficace...

Donc bon, allons y hein. Il avait une place pour le jeudi suivant.

Et ce jeudi là, je me retrouve face à un type plutôt carré, enfin quand je dis carré, disons, euh, que la première impression a été "oh bon sang, s'il me colle une baffe, je vais jusque sur Mars !", des mains comme des battoirs à linge, un cou de taureau, des épaules de nageur Est-Allemand des années 70, et des cuisses tellement balèzes que le pantalon devait avoir des coutures en titane. Pas grand, mais quand on vous dit "trapu" vous n'avez que le centième de l'info. Dense serait plus exact. Il était (et l'est toujours hein) dense. Dans le genre très très dense quand même. Ramassé, compacté, dans les 4 Fantastiques il serait le gars qui se transforme en rocher quoi.

J'explicationne, cou bloqué, blablabla. Il commence à regarder, sans toucher (d'ailleurs il m'aurait touchée sans prévenir, que malgré son aspect plutôt impressionnant je lui filais une baffe tellement j'avais encore mal). Il finit par me dire : "bon, de ce que je vois, il y a un peu plus qu'une petite contracture, il y a plutôt une grosse contracture dû à un traumatisme probablement, vous avez eu un accident récemment ?" "Meuh nan" répondis-je. Il me dit "je vais aller doucement, juste pour voir si le muscle réagit ", et il a fait très doucement, ça je ne peux pas le nier, à se demander d'ailleurs comment un type aussi costaud peut faire un massage aussi léger. Lampe chauffante, huile neutre (j'suis allergique aux décontractants en gel/pommade) et tout petit massage.

Et là, blam "Bon je ne peux pas faire plus ni aujourd'hui ni même avant que vous ne m'expliquiez comment vous en êtes arrivé là. Je ne sais pas faire de miracle, il va falloir attendre un peu que votre organisme veuille bien me dire ce qu'il a si vous voulez que je vous aide à guérir. Ce que je ne pourrais pas faire seul je vous le dit de suite. Sauf si vous tenez à revenir dès que votre nuque/cou vous fera mal. Ce qui ne manquera pas de se produire de plus en plus souvent, et moi mon intérêt, le sens de mon métier ça n'est pas de vous voir revenir dans 3 mois, mais plutôt de ne plus vous voir revenir du tout, parce que si vous ne revenez pas, c'est que vous êtes guérie". Je venais de rentrer dans une dimension inconnue pour moi. Il demandait à mon organisme de bien vouloir lui donner un coup de main. Mais bien sûr ! Et la marmotte elle met le chocolat... Parce que moi mon organisme, j'avais même pas idée d'où il pouvait être !

vendredi 26 février 2010

Le bonze... la nécessité

Durant 14 ans, les douleurs, physique et morale, m'ont "laissée tranquille". Enfin suffisamment pour que je fasse avec jusqu'à fin 2008, là, mon dos commence à me chatouiller un peu, le bras gauche s'alourdit, la nuque se raidit, le repos n'y change pas grand chose, ni même trois visites chez un "vrai" ostéopathe, médecin et tout et tout, remboursé par la sécu ! Qui me diagnostique de vagues contractures musculaires et un petit "déséquilibre" entre la ligne des deux omoplates.

Début 2009, c'est de pire en pire, le matin mon dos est bloqué, verrouillé, mon bras totalement engourdi, j'ai un point sous l'omoplate, comme si on appuyait en continue, au départ ça chatouille, puis ça gêne, pour devenir parfaitement insupportable. Aspirine, anti-inflamatoire, rien n'y fait. Le généraliste ne trouve rien de "spécial" mis à part me dire "ah mais si votre maman a de l'arthrose, ne cherchez pas, c'est ça". Soit va pour l'artrhose, qu'il ne peut pas traiter, parce que bon, voilà on n'en est pas sûr et puis surtout il n'y a rien à la radio.

En février 09, gros coup de flippe, je me réveille en pleine nuit, tordue par une douleur vive, aigüe, paralysant ma nuque, mon bras, m'empêchant de respirer correctement. Le matin, pas moyen d'aller au bureau, un médecin remplaçant m'envoie faire une radio des poumons, la douleur est trop forte, elle l'inquiète, et sans vraiment me dire les choses, craint un pneumo-thorax. En plus de la radio, il me faut aller au labo, vite, très vite pour une analyse d'un marqueur spécifique. Je m'exécute, le matin le labo, l'après-midi la radio. La radio est nickel, j'ai des poumons de jeune fille ! Un message sur mon gsm me demande de joindre mon médecin de toute urgence...

Et là les choses s'enchainent, il ne faut pas que je reste seule, il me faut rejoindre les urgences, elle y faxe le résultat de mon analyse. Vous m'imaginez aisément, flippant comme une dingue, toute seule dans ma voiture : un cancer, une crise cardiaque, je vais mourir !!!!!!!!!! L'Homme reprend les choses en main, il m'accompagne aux urgences, part déposer notre fille chez ses grands-parents et revient me rejoindre.

Là il me retrouve blindée de tuyaux, un vrai cas de série télé, "nfs, chimio, gaz du sang..." une infirmière rate les gaz du sang une première fois et je vous assure que c'est douloureux ; quand l'interne s'y colle je lui conseille, avec toute la diplomatie dont je suis capable sur l'instant, de faire méga gaffe s'il ne veut pas prendre ma main en travers de la tête. Il y met du sien le pépère et ça le fait. Electro est normal, les radios (refaites hein, parce que bon celles que j'avais dans la voiture ne suffisaient pas) aussi et même l'échographie des membres inférieurs (je commence à avoir une petite idée de ce qu'on me soupçonne et je flippe), reste qu'on n'a pas les résultats du labo, faut 5 heures mini, et là, faut aller réveiller le biologiste de garde qui s'est barré à 18 h... Il est 22 h, le chef de clinique vient me voir, à sa tête, j'ai l'impression que les nouvelles ne sont pas réjouissantes.

Bingo, j'ai gagné, même s'il n'a pas confirmation du labo, il ne veut prendre aucun risque "Vous comprenez on est tous passé à côté d'une embolie pulmonaire, et personne n'a envie de revivre ça, surtout à votre âge, et puis vous avez 3 enfants..." Une quoi ??? "Embolie pulmonaire, un caillot..." "Oui c'est bon, je sais ce que c'est, ma mère a fait 33 ans d'EEG" Cherettendre assiste à l'échange verbal pingpongueste entre le chef et moi, comprenant vaguement que oui, là c'est la merde. Le chef conseillant une hospitalisation pour me mettre sous Aérius en vue d'une angioscopie. Aérius, un anti-allergique, parce que mon dossier dit "terrain allergique propice à l'oedème de Quinck"... Ah mince je suis aussi allergirque à l'anti-allergique, et aussi à la péniciline, aux céphalosporines et pour ne pas être en reste à la povidone aussi.... On va y passer un moment avant de me "désensibiliser". Je refuse, chéri dit "euh, non, tu restes", et je finis par dire "mais bon sang, quand est-ce que vous allez écouter que j'ai la nuque bloquée, que je dois avoir le plus gros torticolis de toute la terre, et que j'ai mal depuis quasi 24 h sans qu'on m'ai filé le moindre truc pour au moins soulager la douleur ?" Ben en tout cas, à 23 h 30 ce soir là, tout le monde s'en tapait le chavrou de mon torticolis !

Je reste donc : une infirmière, une aide soignante parfaites de gentillesse, de dédramatisation, de réconfort passent chacune leur tour à mon chevet, même si à côté des cas bien plus graves que le mien sont accueillis toute la nuit. J'ai toujours mal et personne ne me donne rien...

A 6 h 30 changement d'équipe, et j'entends dans le couloir une voix que je connais un peu D. Djo ! Un médecin du sport que Môssieurl'ainé fréquente de par son  option au bac. Lui mon torticolis, il ne devrait pas le prendre pour une embolie pulmonaire ou un pneumothorax ! Il fini par arriver, par m'expliquer, que oui les résultats du labo ont levé l'embolie (cette gourdasse de médecin envoie un marqueur à 115 au lieu de 1.15) mais que quand même l'angioscopie est programmée et c'est mieux si on la fait. Je finis par craquer, j'en ai marre qu'on n'écoute pas ce que je dis depuis plus de 24 h ! J'ai un torticolis ! Je le sais depuis la veille, depuis que je l'ai dit à l'ôt gourde qui m'a dit "mais je n'entends pas votre poumon", forcément eh patate, la douleur m'empêche de me tenir droite et d'enlever mon pull ! Là, il commence à prendre ma douleur en compte, (elle s'est estompée mais elle est hyper présente malgré tout), mais il ne peut rien faire avant la fin de l'angio. On continue donc de creuser le trou de la sécu au tractopelle avec mon cas !

A mon retour - l'angio est négative à tout caillot comme prévu -  il est là, il m'attend, fait mettre un antalgique un puissant dans la perf, (autant qu'elle n'ai pas été posée pour rien), et à l'examen clinique (qui aurait du être fait depuis des lustres !), il m'annonce que oui, j'ai bien un torticolis "contractures aggravées du triangle musculaire supérieur gauche avec diffusion épigastrique", le torticolis des familles, le truc que tout le monde voit en première année, inratable, comme la varicelle !

Et là, il m'annonce : "outre les anti-douleurs, c'est kiné obligatoire dans deux semaines et pour au moins 10 séances, et un bon kiné encore ! Vous trouverez ?" "Ben j'ai pas le choix en même temps, donc je trouverais ! Dans les pages jaunes non?"

Et il se marre en signant mon bon de sortie... Moi moins, parce que les pages jaunes c'était pas une blague...

jeudi 25 février 2010

Le bonze : avant...

Avant Cherettendre, j'avais une autre vie (mais pas de bonze). Une vie avec ce qu'elle comportait de hauts et de bas. Et puis à un moment, il a y eu plus de bas que de hauts. On a basculé du côté sombre de la force à cause d'un accident conjugal domestique. Une fois, il aura suffit qu'on perde la mesure une fois. Lui, moi, peut importe en fait, moi autant que lui, mais lui un peu plus fort que moi (forcément à un mètre quatre-vingt-douze et 95 kg de muscles, il était sacrément handicapé face à mes 52 kg et mon mètre soixante-six). Et je me suis retrouvée propulsée contre un angle de meuble de cuisine. Mon omoplate gauche s'est fêlé, mes cervicales ont morflées, les plaques crâniennes aussi, et ma trachée a été un peu compressée.

"Agression sur voie publique", ai-je dit au médecin, consulté le sur-lendemain, parce que je ne pouvais plus bouger la tête... Forcément, pas facile d'avouer que votre mari vous a fait traverser  la cuisine (même si la dite cuisine ne faisait que 3 mètres de long) en vous poussant un peu fort, parce que, moyennement emballée à l'idée qu'il vous demande de rencontrer sa maitresse - pour mettre les choses au point, selon lui - vous lui dite qu'il n'a aucun respect pour vous, en essayant au passage, de lui coller une baffe. Et que ça l'a mis en colère (la baffe ? le fait que je refuse de rencontrer sa pouf ? que je lui ai dit qu'il était irrespectueux ?) Alors j'ai dit "Agression sur voie publique" pour justifier mon état.

Etat dont je me suis débarrassée des séquelles physiques superficielles avec un excellent ostéopathe, un corse, beau comme un dieu grec ! Il m'a tout remis en place, les plaques crâniennes, les cervicales, le bras gauche, bref tout ce qui avait été déséquilibré dans la chute. En me disant : "faudra faire attention à ne pas vouloir vous en prendre à plus costaud que vous la prochaine fois..." l'air entendu.

Je suis restée longtemps sans me poser de question, sans vouloir me poser de question, et j'ai fini par oublier, enfin je croyais...

Mais avant de vous livrer la suite, le bonze et tout ça, je voulais juste dire que ce matin dans ma voiture, ça, le reste, tout est remonté.

J'ai écouté un journaliste dire que l'assemblée nationale allait débattre des violences faites aux femmes, et surtout d'un fabuleux progrès, on allait étendre (selon quel critère, on n'a pas bien su) le port du bracelet électronique destiné aux maris violents... Parce qu'on va gagner "40 vies" dites donc ! Si, il a dit 40 le spécialiste des violences conjugales... 40 c'est bien, surtout si c'est ma fille, ma soeur, ma voisine de pallier qui bascule du bon côté des 40...

Mouais, c'est bien hein, c'est pas le problème, m'enfin je me suis dit en même temps qu'on pouvait peut-être appliquer correctement ce qu'on avait déjà non ? On pourrait commencer par dire que de tabasser sa femme, c'est interdit... Nan mais vraiment interdit hein, pas juste un peu une baffe comme ça, non interdit de chez interdit quoi. Et dans les commissariats, si on évitait de dire "ben là vraiment, on voit pas bien le problème, on a convoqué votre mari, on est convaincu qu'il vous aime, faudrait faire un effort" à celles qui viennent d'avoir enfin le courage de se plaindre d'un xième oeil poché, ou de la litanie de trop des "pétasse, connasse, moruasse, pôv tache, raclure de bidet", déjà ça aussi ça aiderait non ? Attention, tous les commissariats ne sont pas remplis uniquement d'abrutis notoires, il y a des gens très très bien qui font beaucoup pour les femmes battues ! On pourrait aussi, foutre le mec dehors, au lieu de demander à sa compagne de faire ses valises sans oublier de mettre les gosses dedans.. Parce que ça, rien que ça, déjà, on devrait, ben on fait pas... Vous comprenez, c'est le chef de famille, c'est à lui la maison ou l'appart...

Non pas que je ne sache pas que des tas de gens font des tas de choses fabuleuses, mais que là, vraiment, les politiciens s'ils pouvaient se préoccuper de donner les moyens d'appliquer ce que leurs camarades de la cession parlementaire précédente ont "texté", ça éviterait qu'on passe une fois de plus pour les dindons de service... et que je sorte de ma voiture avec en tête : "paroles et paroles et paroles, paroles et paroles et paroles, paroles et paroles et paroles, paroles, toujours des mots"