"Agression sur voie publique", ai-je dit au médecin, consulté le sur-lendemain, parce que je ne pouvais plus bouger la tête... Forcément, pas facile d'avouer que votre mari vous a fait traverser la cuisine (même si la dite cuisine ne faisait que 3 mètres de long) en vous poussant un peu fort, parce que, moyennement emballée à l'idée qu'il vous demande de rencontrer sa maitresse - pour mettre les choses au point, selon lui - vous lui dite qu'il n'a aucun respect pour vous, en essayant au passage, de lui coller une baffe. Et que ça l'a mis en colère (la baffe ? le fait que je refuse de rencontrer sa pouf ? que je lui ai dit qu'il était irrespectueux ?) Alors j'ai dit "Agression sur voie publique" pour justifier mon état.
Etat dont je me suis débarrassée des séquelles physiques superficielles avec un excellent ostéopathe, un corse, beau comme un dieu grec ! Il m'a tout remis en place, les plaques crâniennes, les cervicales, le bras gauche, bref tout ce qui avait été déséquilibré dans la chute. En me disant : "faudra faire attention à ne pas vouloir vous en prendre à plus costaud que vous la prochaine fois..." l'air entendu.
Je suis restée longtemps sans me poser de question, sans vouloir me poser de question, et j'ai fini par oublier, enfin je croyais...
Mais avant de vous livrer la suite, le bonze et tout ça, je voulais juste dire que ce matin dans ma voiture, ça, le reste, tout est remonté.
J'ai écouté un journaliste dire que l'assemblée nationale allait débattre des violences faites aux femmes, et surtout d'un fabuleux progrès, on allait étendre (selon quel critère, on n'a pas bien su) le port du bracelet électronique destiné aux maris violents... Parce qu'on va gagner "40 vies" dites donc ! Si, il a dit 40 le spécialiste des violences conjugales... 40 c'est bien, surtout si c'est ma fille, ma soeur, ma voisine de pallier qui bascule du bon côté des 40...
Mouais, c'est bien hein, c'est pas le problème, m'enfin je me suis dit en même temps qu'on pouvait peut-être appliquer correctement ce qu'on avait déjà non ? On pourrait commencer par dire que de tabasser sa femme, c'est interdit... Nan mais vraiment interdit hein, pas juste un peu une baffe comme ça, non interdit de chez interdit quoi. Et dans les commissariats, si on évitait de dire "ben là vraiment, on voit pas bien le problème, on a convoqué votre mari, on est convaincu qu'il vous aime, faudrait faire un effort" à celles qui viennent d'avoir enfin le courage de se plaindre d'un xième oeil poché, ou de la litanie de trop des "pétasse, connasse, moruasse, pôv tache, raclure de bidet", déjà ça aussi ça aiderait non ? Attention, tous les commissariats ne sont pas remplis uniquement d'abrutis notoires, il y a des gens très très bien qui font beaucoup pour les femmes battues ! On pourrait aussi, foutre le mec dehors, au lieu de demander à sa compagne de faire ses valises sans oublier de mettre les gosses dedans.. Parce que ça, rien que ça, déjà, on devrait, ben on fait pas... Vous comprenez, c'est le chef de famille, c'est à lui la maison ou l'appart...
Non pas que je ne sache pas que des tas de gens font des tas de choses fabuleuses, mais que là, vraiment, les politiciens s'ils pouvaient se préoccuper de donner les moyens d'appliquer ce que leurs camarades de la cession parlementaire précédente ont "texté", ça éviterait qu'on passe une fois de plus pour les dindons de service... et que je sorte de ma voiture avec en tête : "paroles et paroles et paroles, paroles et paroles et paroles, paroles et paroles et paroles, paroles, toujours des mots"
j'espère arriver à partir avant que ça dégénère en violence physique, et surtout, j'espère que le fait que je parte ne le fera pas passer de ce coté...
RépondreSupprimermerci pour tes mots gentils :-)
Je ne te rassure pas, je juste suis là pour aider un peu, mais il finira par basculer de ce côté. Parce qu'ils le font tous le jour où ils perdent leur "jouet". Plus ou moins tôt, plus ou moins vite, mais ils y arrivent. Autant que tu sois partie avant. Moi il m'a fallu 3 ans pour partir. N'attends pas si longtemps. Parce qu'après t'auras peur tout le temps. Parce qu'il a déjà basculé de ce côté. Parce que la violence physique est un exécutoire, mais que la violence morale est une torture. Et qu'il est déjà dans la violence morale.
SupprimerTu arriveras à partir quand tu en auras assez, ça ne te viendra pas forcément un matin en te levant, mais à un instant tu te diras "stop, c'est bon, là je me casse" ou tu le foutras dehors.
J'ai envisagé toutes les solutions, j'ai été voir un avocat qui m'a dit "foutez le dehors" "engagez une procédure" et rien n'y a fait. Ma cops me disait la même chose. Et un après-midi, ça n'était plus possible. Je suis partie. Sans donner d'explication. Uniquement "je me casse sinon je me flingue".
Les mots ne sont pas gentils, ils sont là pour que tu te sentes moins seule. Mais plus t'entendras "casse toi" "fous le dehors" et plus tu resteras parce que la décision ne viendra pas de toi. Il faut que ça vienne de toi, de ton coeur, de ton corps, de ton esprit, il n'y a que toi qui sait où se trouve la limite de l'acceptable.
Tu feras le chemin seule malheureusement, personne ne pourra le faire avec toi. On pourra t'aider après, mais avant il n'y a que toi. Prends garde à ne pas te laisser entrainer trop loin de la sortie. Prends garde à ne pas mettre trop d'oeillères. Une chose m'a sauvée moi, mon amie m'a dit "un couple ça ne fonctionne pas ainsi". Et je suis partie....
O
ce sont justement les maies, réelles et virtuelles, qui m'ont fait prendre conscience de tout ça...
Supprimeroui, j'ai des œillères, oui j'ai peur de la prendre cette putain de décision, alors que je sais que je vais la prendre...
mais quand les copines me disent que le respect doit exister dans le couple et que je le vois ne pas me respecter, quand tout le monde me met devant le fait accompli, alors ça renforce ma décision... même si faire le pas est vraiment difficile...
en tout cas, merci :-)