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jeudi 25 novembre 2010

Toutes...

en jupe ? Non, aujourd'hui toutes ENSEMBLE, contre les violences faites aux femmes !

J'ai été de celles là, de celles qu'on ne veut pas voir, surtout ne pas remarquer, surtout ne pas poser de question, surtout ne pas savoir quand on est un voisin, un "ami", un membre de la "famille".

Je l'ai été moins que d'autres, mais suffisamment pour avoir pris quelques beignes, mais surtout avoir souffert de n'être rien ! Rien d'important, rien dont on pouvait tenir compte, rien dont on pouvait se préoccuper. Je n'étais rien, juste à peine un truc posé au milieu du salon et qui parfois avait l'audace de la ramener et de vouloir exister pour elle.

J'ai été niée, humiliée, écartée d'une vie sociale, j'ai été oubliée, jamais consultée, ignorée tellement souvent que j'ai fini par n'être rien. Pas même personne, non juste rien. Une non quantité négligeable.

La clé dans la serrure me faisait peur, parce qu'elle signifiait que j'allais encore une fois ne pas avoir mon mot à dire, ne pas avoir mon avis à donner, ne pas être écoutée ou même entendue, qu'une fois encore tout serait de ma faute et que rien n'irait jamais, que je ne savais pas me débrouiller, que je ne connaissais rien à rien, que je n'étais même pas capable de m'occuper correctement des enfants ou de faire un repas. Parait que c'est lui qui m'a appris à faire cuire des oeufs... mouais... paraît...

Aujourd'hui, à l'instar de Kaki, et de Manderley, je ne pardonne pas ! NON JE NE PARDONNE PAS ET NE PARDONNERAI JAMAIS ! Tant pis si je vais en enfer pour ça, je m'y retrouverais en terrain connu.

J'ai beau chercher, j'ai beau tenter de retrouver un semblant d'excuse, mais je n'en trouve pas, je ne lui trouve aucune excuse pour m'avoir traitée ainsi pendant quasi 10 ans. Non, il n'en a pas, il n'a pas d'excuse. C'était , et c'est encore un être égoïste, profondément imbu de lui-même, de sa "supériorité", et incapable de porter le moindre intérêt à ce qui ne rentre pas dans sa vision du monde. Sont dans le cadre : son père, sa mère, son fils ainé. Reste sur la touche et ne sont rien : son fils cadet et le reste du monde.

Alors même si je ne me suis pas retrouvée dents cassées et oeil poché régulièrement, j'ai souffert, et souffre encore de ce que j'ai subi.

Je suis partie, un après-midi de septembre 2001. Soit je partais, soit je mourais. J'avais des enfants, j'ai choisi la fuite.

Chacune peut faire ce pas la, à condition que quelqu'un de l'autre côté de la porte, lui tende la main.

10 commentaires:

  1. Ton billet est très touchant. Il est la preuve que les violences morales sont aussi destructrices que les autres, peut-être pires encore, puisqu'aux yeux du monde il n'y a pas de preuves...
    Je suis passée par là fugitivement, je suis partie vite parce qu'on m'avait donné la force, en amont, de ne pas accepter cela. Ce manifeste est nécessaire. Je salue le courage de ton témoignage.

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  2. Yeh baby, maintenant on est "grandes" et on est LIBRES, et on n'aura plus jamais peur comme avant ! (blague à part, j'ai quand même envoyé ma fille au club de judo pendant quelques années, histoire de... la consolider :))))

    Bises,
    A propos, ça va un peu mieux toi ?
    Manderley

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  3. Mandy : ça va mieux, je tricote pour passer le temps, je vous mettrais une photo de l'oeuvre demain.

    Mim : je n'ai aucun courage, si j'en avais, ça ferait longtemps que ce débile profond aurait pris ma main en travers de la tronche. Mon témoignage est juste là pour dire que les apparences ne sont rien, qu'au moins un mec qui tabasse o, le voit, mais l'autre, le manipulateur, le pervers, n'affiche en société qu'une façade lisse et sans tâche, une gueule d'ange et c'est ça qui rend les choses impossible à dire. Personne ne te croit jamais, ni ta cops, ni les flics, ni les voisins, ni même ta mère. Mon père a su, je ne sais comment que les choses allaient mal, il m'a juste dit "je t'aime ma fille, et je serais là quand tu voudras". Parce que jamais je n'aurais pu avouer tout ce que j'endurais. Non pas parce que j'avais honte ou peur (enfin pas au début) uniquement parce que je ne savais pas que j'étais réduite à rien... Je ne m'en étais pas rendu compte.

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  4. Ayé, tu as un peu plus la pêche ? ça va mieux ?
    TOUTES les violences faites aux femmes. pas seulement une journée par an qu'on oubliera dans une semaine. Pas seulement une journée par an pour des anonymes alors que ses messieurs qui s'apitoieront ce jour ne verront pas la similitude avec la façon dont ils se comportent au quotidien. Pour faire cesser toutes ces abjections, ces attitudes puantes qui ne valent pas mieux que l'esclavage (l'Autre est différent, donc l'Autre est MOINS que moi, donc l'Autre n'est pas respectable par que "non humain") c'est tout le regard et l'attitude d'une société qu'il faut changer sur les femmes. Et NOUS, mères de garçons, NOUS AVONS un rôle immense à jouer là-dedans, au quotidien et sans relâche. Je ne dis pas que nous avons le pouvoir suprême mais au moins un rôle, une direction à impulser, un exemple à donner. Vous toutes qui avez fui l'homme maltraitant, c'est un exemple positif pour vos enfants.
    Bises à toi et bon rétablissement, tout doucement :-)

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  5. Merci FD, parce que tu as aussi mis le doigt sur le pb : l'éducation. Mais malheureusement il n'y a pas que ça, le caractère, l'environnement joue aussi beaucoup. Et il en faut des quotidiens pour faire avancer un peu les choses.

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  6. Ton histoire ressemble beaucoup à la mienne. Moi je suis partie après 6 ans, et j'ai eu beaucoup de mal à me rendre compte que ce qui se passait était juste inadmissible. Et je ne crois pas qu'une "journée de la jupe" aurait pu me faire réaliser ça, je me serais dit "ça ne me concerne pas", comme tous ces reportages sur les femmes battues. Ce n'était pas pour moi, moi je vivais une relation "compliquée et passionnelle" :) Je pense que c'est en grande partie pourquoi je pense que cette journée ne sert à rien...mais si tu dis que toi ça aurait pu t'être utile à ce moment là, alors je m'incline volontiers.

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  7. Snana : On ne peut pas rassembler toutes les femmes, tous les hommes sous la même bannière de combat. Elles ont fait comme il leur semblait être le mieux. Moi non plus je ne suis pas vraiment d'accord avec ce mode de communication, mais peut-être parce qu'il ne s'adresse pas à "nous", parce qu'il s'adresse à d'autres qui sont plus sensibles à cet argument "symbole" parce que justement ce symbole elles n'y ont pas accès.

    Si à l'époque ça avait existé, j'aurais, par curiosité (je suis curieuse de tout) cliqué sur certains liens, et inévitablement j'aurais cliqué sur celui qui auto-teste si oui ou non tu es soumise à un environnement violent. Et là, j'aurais pris conscience de la chose. Vraiment.

    Tout comme j'ai donné à chaque Téléthon (sans être concernée directement), tout comme aujourd'hui je relais autant que je peux la maladie de Rett, tout comme à chaque journée "spéciale" j'ouvre les yeux sur mon entourage en me demandant si justement il n'y a pas quelqu'un de proche ou moins qui puisse avoir besoin de moi.

    Ce n'est peut-être pas une journée de la jupe qui toi t'aurais fait réaliser, mais peut-être cette journée aurait interpellé ton entourage, ou tes amis, ou ton voisin de palier. Peut-être, qu'un tout petit sourire au milieu de ton univers aurait entrebaillé la porte.

    Peut-être, ou pas, mais je continue de penser que si ça n'a donné qu'une seule occasion, qu'un seul espoir, alors malgré toute cette polémique sur la manière dont ça a été fait, cette journée de la jupe n'aura pas servi à rien.

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  8. Je t'aime assez moi, ta vieille copine, pour aller au purgatoire avec toi par solidarité. D'ailleurs, le Grand St Pierre, sait bien qu'il pourra pas nous séparer. D'ailleurs Copine-Chérie, elle aussi, elle ira au purgatoire. A l'autre C***ard qui l'a martyrisée (je dis bien martyrisée) et qui voulait tenter une phase d'approche au bout de 10 ans, parce qu'il s'aperçoit ce GRAND C** que sa vie c'est de la daube, et que sa retraite ça va être pire, qu'il est laid, qu'il est bête, qu'il a pas de vie sociale, même que sa mère l'a fichu dehors, ben Copine-Chérie l'a envoyé boulé puissance 50 avec le conseil d'aller se noyer ailleurs si ça lui chantait.
    Et ma cousine, qui n'a jamais été aussi heureuse que depuis que son ex-gros-c*** de mari de m**** (non, non, je m'énerve pas !!!) l'a redemandé en mariage... moins d'un an après leur divorce "passe que SON quotidien sans elle, c'était pas facile !!!". Il a pris sa mains dans la tronche et a été prié de ne plus jamais présenter sa trombine ! D'ailleurs, elle se casse en Afrique l'an prochain. Non, mais des fois, on va se laisser pourrir la vie par des pignes d'huitres non ?

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  9. Cibou : embrasse Copine-Chérie ! Embrasse là fort et dis lui que je l'applaudis de toute ma rate restante !

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