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mercredi 24 août 2011

Où comment je suis devenue une fille...

Parce que Mamanlit posait la question à Kaki et que ça m'a fait m'interroger sur le pourquoi du comment, je grille la priorité et répond à la question qu'on ne me pose pas.

Je suis née il y a 45 ans dans une famille composée d'une mère catho-pratiquante et d'un père à tendance socialo-ouvrier-syndiqué.  J'ai été aussi élevée par une grand-mère que j'aimais infiniment, mais peu attachée à la franfreluche et au maquillage (non parce qu'à l'époque foin de MU c'était du maquillage, oui madame). Donc dans nos salles de bains il y avait une poudre Leclerc, un mascara et du rose à lèvres les grands jours (mariage et anniversaire fêté en dehors de la maison, Noël, jour de l'An, et Pâques). Le parfum était un peu plus présent mais pas beaucoup plus. Quand on rajoute à ça que j'ai été 17 ans dans une école religieuse, vous imaginez aisément que rien de ce qui pouvait être futile n'arrivait ni à mes yeux ni à mes oreilles. Pas d'abonnement à Elle, Biba ou 20 ans, pas de virée avec les copines dans le rayon maquillage de notre "centre commercial" de l'époque, bref, le désert de Gobi en matière de beauté.

Dire que ça m'a manqué, même pas, je ne voyais pas, je ne savais pas, les filles qui m'accompagnaient étaient logées à la même enseigne.

J'ai épousée à 25 ans un type qui m'avait connue, 5 ans auparavant, sans maquillage aucun, et qui ne se préoccupait pas de savoir ce que je pouvais bien me mettre sur le visage, si ce n'est avoir l'air "correct" dans sa famille comme dans les dîners pro aux quels nous étions conviés. J'allais chez l'esthéticienne pour le côté pileux, je me suis faite maquillée une fois pour le mariage et basta. Pour le quotidien, je devais avoir un duo ombre brunes, un autre ombre mauve, un mascara, peut-être un fond de teint et un brillant à lèvres. J'appliquais un peu quand nous sortions et c'est tout. Bref, à peine mieux que le désert de Gobi et pourtant là je lisais parfois la presse féminine mais sans y voir le moindre intérêt. Je nettoyais ma peau le soir, sans forcément mettre de crème, ne faisait pas mieux le matin et parfois j'allais jusqu'à acheter un gommage corps mais sans faire suivre d'une crème hydratante.

Donc à 35 ans, je n'étais pas plus avancée en matière de futilité/fanfreluches/soin de soi qu'à 15...

Et puis j'ai vécu un truc pas facile, une geu, qui a chamboulé mon existence. Ma vie a volé en éclats, mon couple aussi, j'ai ouvert les yeux, je suis partie et voilà (pour plus d'explication voir les épisodes : "10 ans").

Non pas que je me suis mise à la fanfreluche dans la foulée ! Oh que non... Mais j'ai pu rencontrer de nouvelles personnes, avoir un boulot qui attendait de moi un minimum de "présentation" donc j'ai commencé doucement à y réfléchir, jusqu'à ce que notre fille naisse... Et là hein, pioufff, ben je n'avais plus le temps. Les deux grands, la maison, un mari tout neuf, un bébé idoine, et hop mes "belles" résolutions sont parties en vadrouille.

Par contre j'ai gardé le "Elle", j'ai rencontré des filles plus portées sur la fanfreluche, et je pouvais enfin sortir en ville pour faire quelques découvertes.

A 40 ans, je mettais un peu de vernis, j'avais un peu de maquillage et j'aimais autant qu'avant les parfums, Cherettendre m'offrait une palette par çi, par là, je m'octroyais un lait parfumé pour le corps, quelques bijoux, des chaussures à talons, bref, je découvrais un monde pas forcément futile, parce qu'être bien, ça passe aussi par se sentir jolie.

A 44 ans, grosse misère, 3 semaines d'hospitalisation, 2 mois à la maison. Et plus accès à la bouffe !!! Il fallait que je m'occupe autrement sinon je devenais folle (je l'étais déjà pas mal hein).

Alors j'ai rejoint le côté coloré des magazines, j'ai regardé les blogs (Kaki te voilà !) et puis j'ai franchi le pas avec un premier OPI le Malaga Wine... puis un second, puis les copines m'en ont offert. J'ai commencé par colorer ce que je voyais tous les jours sans pouvoir en faire grand chose : mes ongles !

Et puis j'ai fait les boutiques avec ma copine Bénou, et elle a réussi à me faire rentrer 2 fois dans la même journée chez Séphora ! Puis d'une couleur à une autre, d'un cadeau à un achat, je suis entrée pour de bon par la petite porte chez les vraies filles. Et je m'y sens bien, pas déguisée, pas empruntée, pas martyrisée. J'y suis, j'y reste.

 Sans y passer des heures, il y a quelques "rituels" que j'apprécie, quelques jolis commentaires qui me font dire que ça ne me fait pas de mal d'être un peu maquillée et puis ça n'a pas changé qui je suis profondément. Je n'y dépense pas des sommes folles (je ne les ai pas) mais au lieu de les mettre dans des bouquins, je vais chez Séphora ou  Nocibé ou l'Occitane et après je m'arrête à la bibliothèque.

Il faut encore que je fignole quelques bricoles, mais j'ai pris un joli rythme de couleurs...

Voilà Mamanlit tu sais tout, tu ne m'avais rien demandé, mais après tout, je suis ravie aussi d'avoir raconté, et d'affirmer que je me sens mieux avec que sans.


8 commentaires:

  1. Merci pour ce moment partagé avec moi/nous.
    Ce que je retiens c'est que ce passage aux trucs de filles est insidueusement boulersifiant (ptain comme je cause trop bien).
    C'est fait en douceur, et surtout ça accompagne un changement de regard sur soi. Une manière de te réapproprier ton corps après les ennuis de l'année dernière.
    Tu en parles bien !
    Merci!!

    Kaki, kaki, kaki, kaki !!

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  2. Ben oui je sais, je vais le faire hein... Mais quand? J'sais pô...:(

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  3. @Kaki : quand t'arrêteras d'acheter des produits que tu n'utilises pas (oui je sors, hop, j'suis plus là, d'ailleurs en parlant de sortir, d'ici 2013 dans l'ouest de Paris, je te promets un cc qui battra à plates couture le Millenium)

    @Mamanlit : oui c'est avant tout un autre regard sur soi, parfois accompagné d'un autre regard des autres aussi.

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  4. Toute un cheminement en fait, vers l'appropriation de ton image et le "se sentir bien". C'est sympa de nous conter ce chemin parcouru.

    @ Mamanlit : ce n'est pas plutôt "bouleversifiant" ? ;-)))

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  5. Pfiou, vais devoir m'y mettre sérieusement dis-donc, je me sens débarquée dans ce monde de filles môa! Mais quand même hein, 10 doigts, 10 orteils et 4 couches de bidule, ça fait... 20 mini surfaces à peindre et 80 couches à poser! Rien que pour les ongles... quel courage!
    ;p
    Mandy

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  6. Voilà, le déclencheur c'est le nouveau regard de l'Homme sur toi... puis par ricochet le tien sur toi-même et hop, te voilà métamorphosée ! Un "bon" cercle vicieux, en fait.
    Man, on a dit, le déclencheur, c'est le regard d'un homme sur toi... Qui te fait te sentir belle (il te voit belle,tu et sens belle et tu as envie d'en faire plus...) Maintenant, t'en fais ce que tu veux... :D

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  7. Tu imagines bien que avec 2 parents totalement à fond dans le socialo-ouvrier-syndiqué j'étais aussi super mal partie coté soins et soin de soi...
    Et je suis ravie de t'avoir aidé à ce déclenchement.

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  8. Le maquillage et les soins chez moi, c'est un peu le même genre de cheminement.
    J'ai vraiment versé du coté coloré de la force à la naissance de ma fille quand j'ai eu envie de me réapproprier mon corps.
    Merci du témoignage !

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