Il y a 3 ans que mon père est décédé.
Et aux environs du 7 juillet je suis immanquablement plongée dans ce souvenir. Comme dirait mon amie Hélène, dans cet "incommensurable chagrin". C'est joli comme mot incommensurable, mais quand il s'applique au chagrin, à la tristesse, au manque, il devient moins joli.
Mon père me manque. Je ne crois pas savoir expliquer comment ou pourquoi. Juste, il me manque. Comme si on m'avait arraché le coeur parfois. D'autres fois, juste un peu moins.
Il y a 3 ans, le monde autour de moi s'est écroulé et les amis ont construit avec leurs attentions, leur gentillesse, leur amitié une barrière de sécurité, le temps que les choses "aillent mieux". Ce n'est pas eux, jamais, qui ont dit que ça irait mieux. Ils ont tous dit qu'un jour je me souviendrais des belles choses que j'ai vécu avec lui et que ça me rendrait moins triste.
Alors oui, je commence à me souvenir des belles choses
- le jour où il m'a accompagné aux résultats du bac, où il a garé la voiture un peu loin pour me laisser alors voir avec mes amies. Et où il a été TELLEMENT fier quand il a su que j'étais bachelière ! Lui d'une famille peu instruite, lui qui avait donné naissance à la première bachelière de la famille.
- le jour où, installé à la table ronde du salon, celle un peu bancale mais qui recevait le plus de lumière, il a avec une application minutieuse, tracé à la pointe sèche les contours des lettres du titre de mon rapport de bts. J'ai encore la boite rouge qui contenait tous les documents requis. J'ai encore son écriture sur la boite rouge.
- le jour où il m'a regardée avec son petit sourire en coin, alors que nous étions prêts à plonger du nez à la table familiale du déjeuner de Noël. Il avait fait le trajet aller après sa grosse journée de travail pour venir me chercher à Narbonne. Et j'avais fait une grosse partie du trajet retour de nuit, sous la neige et à travers les congères du plateau du Larzac parce qu'il fallait absolument qu'il dorme.
- les nuits on l'on se retrouvait à la cuisine, pour finir ensemble, froid, un morceau de pâté aux pommes de terre, celui que ma mère fait divinement et dont je me souviens du goût exact.
- et tant et tant d'autres choses.
Alors oui, je commence à oublier le souffle coupé, le trajet en train, la culpabilité, les obsèques.
Mais je n'arrive pas à être moins triste.
La barrière est encore là. Construite jour après jour, entretenue avec soin - parce que mes amis sont des gens formidables. Un jour je me souviendrai des belles choses et je serai moins triste.
Je te comprends tout à fait...41 ans après...mon père me manque encore...j'aurais eu tant et tant de choses à partager avec lui et j'aurais tant aimé avoir son avis...encore. Je t'embrasse.
RépondreSupprimerJe n'arrive pas à penser à ce que nous aurions pu encore partager lui et moi sans pleurer des seaux. Alors je t'embrasse bien bien fort aussi.
RépondreSupprimerc'est en te lisant que je me rends compte à quel point j'ai de la chance de l'avoir encore auprès de moi (mes 2 parents en faite) et je profite de chaque instant qu'il m'est donné d'être avec lui (eux).
RépondreSupprimerDes bises à toi en ces moments chagrins.
Tu as raison d'en profiter. Embrasse les pour moi en leur disant qu'ils ont une fille fabuleuse.
SupprimerJe t'envie d'avoir des souvenirs de belles choses avec ton papa ; vos moments, vos regards, vos trésors partages te sont et seront éternellement et incommensurablement précieux. Tu as raison de les chérir meme si tu as encore le coeur lourd parfois. Lui aussi de tout la-haut peut être fière d'avoir une fille fabuleuse. Bises. NOJ
RépondreSupprimerMerci Nath. Tu fais aussi partie de ceux et celles qui maintiennent la barrière autour de moi
SupprimerJe n'ai plus ni père ni mère depuis bien longtemps déjà mais je t'ai toi comme ma sœur alors je partage ta peine.
RépondreSupprimerPeut-être bien que ma grand-mère et ton papa se seront croisés là-haut pour parler de leurs 2 loustics en jupe qui bravent leur vie avec autant de dignité qu'ils en ont fait preuve jadis...
Il lui a sûrement dit qu'il est fier de toi !
Man
J'ai aussi beaucoup pensé à toi en écrivant ce billet. Et je suis certaine que nos connections ici se prolongent là-haut. Que ma grand-mère doit être aussi à bavarder de sa "lilounette" qui l'aimait tant avec ta grand-mère. Et que mon grand-mère doit causer jardin avec le tien.
SupprimerOn est fier d'eux. Ils le sont de nous.
Merci ma soeur <3
Oui, se souvenir des bonnes choses...pour être moins triste. Moi, il m'a fallu longtemps pour connaitre mon père, je profite de ces instants plus complices maintenant, il fut un temps où je le connaissais tellement mal que je n'osais pas le tutoyer, je sais que le temps est compté donc j’œuvre pour créer de bons souvenirs, je sais qu'il me manquera beaucoup, son assurance, ses solutions à tout, son humeur bougonne, son sale caractère tout ce qui fait mon père ! Ma mère est encore là aussi mais son esprit nous quitte tout doucement avec cette vilaine maladie qui touche de plus en plus de monde...
RépondreSupprimerUn bien joli article ! Merci !
Je t'en prie. Le mien avait une maladie d'Alzheimer. A 60 ans à peine. A l'annonce du diagnostic j'ai dit à ma mère que je me fichais éperdument de savoir qu'il allait m'oublier, oublier mon nom, ma voix, qui j'étais. Je m'en fichais, parce que tant que moi je me souviendrais que je l'aimais, alors il m'aimerait aussi; Et c'est ce qui s'est passé. Il n'a jamais oublié de m'aimer.
SupprimerNos papas sont nos pilliers, qu'on les vouvoie ou non. Profite de ses solutions, profite de son assurance, profite de tout ce qui fait qu'il est lui :-)