Il fallait bien que la nuit se termine aussi...
Contrairement à mon habitude, j'ai fait le tour des couloirs ce matin là, non pas que je n'apprécie pas mes collègues au quotidien, mais comme j'arrive après tout le monde, si en plus je me mettais à faire le tour de la boite, je ne serais à mon poste que trois quart d'heure après ma prise de service officielle. Sans non plus trop traîner la savate, je me suis contentée de faire un rapide salut dans deux bureaux "amis" pour avoir des nouvelles.
- La première : un des gars avait déjà été prévenu la veille, après la réunion. En même temps, le Sérail l'avait fait revenir de vacances exprès, ce n'était pas non plus pour le laisser repartir avec rien de plus que de l'angoisse jusqu'à début août !
- La seconde : les autres seraient convoqués dans la matinée... "Cool", au moins nous serions fixés avant de recevoir cette foutue lettre !
J'avoue que le temps a été long, vraiment, très long, et que pour une fois, j'avais des tas de trucs à faire partout ailleurs qu'à mon bureau, des cartons à déposer au stock, un dossier à donner à l'autre bout du couloir, une charge de piles à mettre dans le container, des archives à monter, bref, tout sauf à rester assisse à répondre au téléphone !
Bien m'en a pris d'ailleurs, vu que c'est au cours d'une de ces pérégrinations que j'ai appris que les convocations avaient été toutes faites, et que donc les restants pouvaient reprendre leur souffle.
Nous ne l'avons pas repris pour autant notre souffle, même aujourd'hui au bout d'une semaine, nous osons à peine nous regarder dans les yeux. Nous avons l'air de "survivants", les virés sont encore là, nous aussi et nous en savons à peine moins qu'eux.
Du coup nous faisons comme si tout allait bien, en se demandant intérieurement quand la prochaine salve sera tirée. Parce que nous sommes loin d'être aussi ballots que ce que certains veulent bien nous faire croire ! Ok, nous ne sommes pas des grands pontes des affaires, mais quand le boulot ne rentre pas, que les commandes ne se font pas, que les fournisseurs appellent en disant "nous n'avons toujours pas reçu votre règlement", ou que les plannings sont vides, franchement, ce ne sont pas 5 licenciements qui vont changer la donne.
Les 5 à partir : 4 plus de 45 ans, 1 de moins de 35... Sur les 4, 3 qui ont au moins 20 ans de maison. Notre mémoire-outil, notre mémoire-produits ! Alors oui, les ingénieurs sont là, mais qui va expliquer à l'atelier que ce câble là c'est avec cette pince là qu'il se monte si on ne veut pas s'arracher les doigts ? Qui va remplir une palette de 50 lignes de commande en moins de 20 mn, papiers de douanes compris parce qu'il faut que ça parte avant 15 h 30 ? Qui va se trimballer 90 kg de matos à dos d'homme à 4 h du mat pour installer une ligne sans déranger le client ? Qui va faire ça hein ? A se demander si finalement, saborder la boite n'est pas la dernière solution trouvée !
Pour les deux autres, """"c'est pas grave, elles ont déjà l'expérience d'un licenciement éco""", elles ont signées un cdi chez nous il y a deux ans, quand leur boite a fermée, la boite de la rue d'à coté !
L'écœurement me tient depuis une bonne semaine. Oui, je suis écœurée de voir comment les choses tournent, comment peuvent-ils à ce point, croire que les employés sont des abrutis qui peuvent gober n'importe quoi ? Leur répéter à l'envie que tout est fait pour eux, et dire ne pas comprendre qu'ils viennent accompagnés à leur entretien de licenciement économique ! Bon sang, mais comment peut-on nous demander la confiance, alors qu'on ne nous accorde que du mépris ?!
Je ne suis pas dans cette charrette, mais je n'ai pas l'intention de faire partie de la prochaine non plus.
Une amie m'a dit "tu as 45 ans, il est temps de faire enfin ce que tu veux de ta vie", alors l'occasion va faire le larron.
Ambiance glauquissime et bien plombée on dirait... Oui, profites-en peut être pour donner un nouveau tournant à a vie pro... après tout... Non ? En attendant, bonnes vacances quand même.
RépondreSupprimerOui, c'est bien ce que j'ai l'intention de faire. Ma bonne amie, mes bonnes amies, sont là pour me mettre le pied à l'étrier aussi.
RépondreSupprimerJ'aurais des nouvelles à la rentrée, je vais profiter aussi de mes vacances pour laisser le boulot au boulot !
Bonnes vacances à toi aussi !