Rockn'roll

Samedi, déçus de n'avoir pas pu rejoindre un lieu de villégiature où nous étions chaudement attendus, mais situé dans l'Ouest, nous avons donc compensé en allant nous promener en ville. Quoiqu'on en dise, je pense que le gène "je me console en faisant les boutiques" n'est pas le propre de la gente féminine. Même si, en l’occurrence, c'était des achats cosmétiques qui nous motivaient.

Bref, notre fille, armée de son porte-monnaie, décide donc de faire une descente chez Séphora, mais au lieu de lui laisser acheter pour acheter (alors qu'elle venait de quasi nous ruiner chez l'Occitane), mon cher et tendre époux, pas toujours très futé faut-il le reconnaitre, lui assène cette vérité brutale : "Ma fille vaut mieux te faire un vrai cadeau que d'acheter ses babioles dont tu ne sauras que faire dans deux heures". Et la fille de répondre "ben oui mais quoi alors !" et là, drame en avant, l'homme rajoute "ben j'sais pas moi, te faire percer les oreilles par exemple" !!!!!!!!!!!

Dire que ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde est un propre euphémisme. La donzelle saute sur l'occasion et nous dit "Cool ! ok, on y va alors".

Fortes d'une très vilaine expérience chez  le bijoutier, il y a cinq ans, j'avais dit "plus jamais ça" mais face à ses insistances, j'ai pris quelques renseignements, qui m'ont tous dirigés vers un pierceur-tatoueur. Et comme son père voulait s'offrir un tatouage, un jour que nous étions toutes les deux, nous avons franchi le Rubicon pour aller prendre des infos du côté obscur tatoué de la force.

Alors qu'il me donnait moults renseignements et autres conseils, j'évoque avec le maitre-tatoueur l'expérience malheureuse du perçage de lobes au pistolet, et là, il nous dit "chacun son métier c'est pas parce que j'ai un scalpel que je suis chirurgien, c'est pas parce qu'un bijoutier vend des boucles d'oreilles qu'il sait percer des lobes !" Rajoutant  qu'il ne ferait à tout enfant non accompagné par les deux parents, ou sans autorisation écrite du second. Ce qui là non plus n'était pas passé à la trappe puisque Peau-d'Ane, rajoute illico après sont "Cool ! ok, on y va alors" : "En plus vous êtes tous les deux, ça va être facile !"

"Oui, ben en fait, tu vois ma chérie...", commence l'homme, et la chérie en question de lui faire le regard du Chat Potté. Et d'argumenter, que ça fait longtemps, que là elle est capable de faire les soins, qu'elle en a terriblement envie, que ça fait longtemps et surtout qu'elle a ses sous pour ça !

Direction donc le tatoueur, croisant nos doigts pour qu'il soit trop occupé, parce qu'on était plutôt partis acheter des vernis. A raconter ça, je dois donner l'impression que notre fille nous mène par le bout du nez, point du tout, nous en avions déjà parlé pendant les vacances de Noël, et avions prévu la chose pour les vacances de février.

Bref, atteindre la porte, franchir le seuil, et la voilà qui se lance sans faiblir à faire sa demande. Demande à laquelle le maitre-tatoueur, rencontré la première fois, accède sans oublier de nous demander nos identités, vérifier la sienne, nous faire signer les documents, et expliquer les soins à Peau-d'Ane, en lui demandant si elle est sûre de pouvoir les faire elle. Elle répond que oui, qu'elle notera les jours sur son calendrier. Calendrier qu'elle lui colle sous le nez, en disant que dans deux mois, c'est tout pile au printemps, que ça sera donc facile de s'en souvenir.

Je suis montée dans la salle avec elle, la propreté, la désinfection, la liste des précautions ne faisait aucun doute sur le sérieux de la boutique. Bien plus que chez le bijoutier !

Elle s'est donc laissé percer les oreilles, non sans toutefois esquisser un début de bébé gros chagrin. Parce que bon, ça fait un peu mal quand même. Mais elle a vite montré son visage de mini-jeune-fille sûre d'elle et assumant ses choix.

Donc depuis samedi 18 h nous avons une min-jeune-fille rockn'roll, avec des anneaux de piercing aux oreilles ! Et une Peau d'Ane assidue matin et soir à en prendre bien soin !