Junkie...

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Ceci va être un billet très sombre, ça fait un moment que je le rumine, je ne le laisserais pas, ou bien il restera, je ne sais pas, mais là j'ai besoin de cracher ma valda.

D'écrire, de formaliser que je vais mal.

Je vais mal avec moi, je suis ma plus mauvaise ennemie, je me déteste, je m'insupporte, je m'auto-gave, je me donne envie de me coller des baffes, si j'étais quelqu'un d'autre que moi je dirais juste que je suis totalement stupide (quoique je me dise que je suis plus que stupide au moins 3 fois par jour).

Il y a de très nombreuses années - 20 exactement - je pesais 52 kg pour 1 mètre 66.

Aujourd'hui je pèse 23 kg de plus... et je me déteste pour ça ! Parce que je me trouve laide, parce que je me sens fatiguée, parce que la marche me pose souci, parce que je ne supporte plus le contact de mon ventre contre la ceinture quand je suis en voiture, ou quand je me baisse pour ramasser quelque chose, parce que je ne m'aime plus !

Je ne m'aimais pas beaucoup plus à 52 kg, je tombais dans les pommes tous les 3 mètres.

Mais je me trouvais acceptable à 60-62 kg.

Ce qui voudrait dire qu'il faudrait que je perde 13 kg pour me retrouver, pour arrêter de me détester.

Enfin si déjà je pouvais passer au moins à 68... Pourquoi 68 ? Parce que c'est le poids que je faisais l'année dernière après en avoir repris 3 à ma sortie d'hosto. Donc si vous avez suivi, j'étais déjà en surpoids en sortant de l'hosto, là où j'avais passé 3 semaines et perdu pas loin de 15 kg.

Pourquoi cette "soudaine" envie de redevenir mince ? Je ne sais pas, je crois qu'elle ne m'a jamais lâchée en fait, que  ma tête me voit mince, jeune et jolie, et que dans mon miroir je suis grosse, vieille et moche. Ma tête ne va plus avec mon corps. Avant c'était mon corps qui ne voulait pas aller avec ma tête, mais depuis que j'ai raccordé les deux (merci le bonze) insidieusement s'est greffé cet autre problème. Faire rentrer, dans ma tête, l'image que je vois comme étant moi. Et rien à faire, depuis maintenant 6 mois ça ne rentre plus du tout.

Ca déborde, ça me dégoute, ça me fait l'effet d'être une junkie.

Ma dope : la mal bouffe

Ma dépendance : le chocolat, le sucre, le gras.

Mon problème : mon pancréas.

Mon corps n'arrive plus à ingérer ce que je mange, et me le fait payer. Comme un junkie paye sa dépendance à une dope quelconque.

Depuis 6 mois j'ai quasi repris ce que j'avais perdu (contrainte et forcée, mais perdu tout de même et pendant 12 mois), entre autre parce que je me suis autorisée ce que j'aimais manger avant. Sauf  qu'avant ça ne me posait pas  plus de souci que ça. Parce que j'étais physiquement en forme et que je pouvais compenser par quelques jours de haricots ou autre salade, les excès commis.

Aujourd'hui, je ne peux plus. Les légumes me rendent malade une fois sur deux, voir deux fois sur trois. La salade, le maïs, les petits pois, les haricots verts, les épinards, le chou-fleur, les tomates, la courgette, le concombre, les asperges, tout ce qui peut "équilibrer" mes repas me rend malade.

Je m'enfonce dans une spirale hypervicieuse qui est de manger pour me consoler que manger me rend malade. Je suis devenue accro, j'ai développé une dépendance à la malbouffe parce que la bonne bouffe me traumatise. Alors je compense tout le temps, avec du chocolat, avec des gâteaux, avec du fromage, avec du beurre, avec du pain, alors même que je sais parfaitement qu'au bout de la journée, ou que le lendemain mon sternum va me rappeler à l'ordre, va me faire souffrir, et que je ne fermerais plus le dernier pantalon qu'il me reste.

Le pire, rentrer à la maison et m'envoyer un goûter, comme les gosses, alors que je n'ai pas faim ! Non je n'ai pas faim, j'ai envie, j'ai besoin de manger.

Oui je connais toutes les astuces du : boire de l'eau, prendre le temps de déguster, manger de tout (je rappelle, ça je ne peux pas le faire), m'écouter.

Prendre soin de moi. Voilà, ce que m'a encore dit le kiné aujourd'hui : prendre soin de soi, s'écouter, se traiter avec bienveillance.

J'aimerais mais je n'y arrive pas, je suis totalement abasourdie de mon manque total et absolu de volonté. De ma tête qui sait et de mon corps qui refuse, de ma tête qui voit et de mon corps qui ne veut rien savoir ! De me dire même "bon tant pis tu seras malade, mais si tu laisses ce gâteau, alors tu ne penseras qu'à ça toute la soirée, et après ce sera pire". 

Je me déteste, je ne veux plus me voir, me regarder, envisager qu'on puisse me trouver regardable.

Je suis une junkie et j'ai pas envie de m'en sortir.